Au creux du vallon, on ne peut soupçonner l’existence du château, acteur majeur de l’histoire curissoise.
Dressé sur un plateau commandant la vallée, l’édifice présente au nord une façade homogène aux percements réduits, à l’image de la silhouette compacte des manoirs fortifiés des XIVème et XVème siècles dans lesquels tours et construction sont soudées en un bloc. Du XIIIème siècle, il conserve un plan en pentagone doté sur trois angles de tours cylindriques (autrefois reliées au sud par un mur d’enceinte).
Au XVIème siècle, les impératifs militaires s’estompent. En 1645, on trouve un ensemble hétéroclite de salles et chambres hautes et basses. En 1677, Louis Bay, propriétaire, laisse l’une des plus riches collections de peinture du temps (des Rubens, un Tintoret…), inventoriée par le peintre D. Sarrabat. Ce dernier est à l’origine de cinq toiles réalisées pour la chapelle du château, encore présentes en 1823.
En 1769, l’acte de vente passé par G. de la Font à Roze Achalle, veuve d’un capitaine de l’île de Grenade, énumère une dizaine de pièces à chaque étage correspondant au plan actuel, ainsi qu’un grand salon garni de statues de marbre logées dans des niches. L’abondance du mobili
er, la diversité des tissus comme l’usage des poêles en faïence évoquent un cadre raffiné et un goût nouveau pour le confort. La nouvelle propriétaire s’adresse à l’architecte Morand * pour moderniser la façade sud et surtout aménager les jardins, bientôt ornés d’un grand bassin rectangulaire qui figure au premier plan de l’un des tableaux peints en 1774 par Lallemand * pour le grand salon…
En 1793, le château et ses 50 hectares sont déclarés «Bien National» puis restitués au fils de J.L. Beuf, lequel épouse la nièce de Morand *. En 1824, leur fille hérite d’une propriété exclusivement viticole qui, en dépit de la création d’un salon marocain et du Marabout, périclite peu à peu… En 1890, l’industriel G. Falcot le sauve de la ruine en entreprenant des travaux d’urgence et en faisant remodeler le parc par le paysagiste Luizet.
Aujourd’hui, le château est devenu une coproprièté et son parc (propriété de la métropole) est en cours de restauration par l’intermédiaire du Syndicat Mixte des Monts d’Or…
* Morand (J.A.), peintre, architecte et urbaniste lyonnais né à Briançon et guillotiné en 1794, réalisa un pont sur le Rhône, l’esquisse du futur quartier des Brotteaux, la rénovation des châteaux de Curis et de Poleymieux.
* Lallemand (J.B.), peintre dijonnais ayant séjourné sur Lyon en 1761 à son retour d’Italie et auteur d’une série de 12 vues de Lyon, publiées en 1781 par J.B. de Laborde et gravées par Née. Au château de Curis, il est à l’origine de quatre toiles une marine, une cascade, une vue de P.Scize et une vue du château), enchâssées dans les boiseries du grand salon. Vendues aux enchères, elles partrent pour Baltimore et aujoud’hui deux d’entre elles sont de retour à Lyon, en vente dans un magasin d’art.